mardi 31 mars 2009

Les vrais raptors ! (Jonathan)

Jeudi 26 septembre 2019-Nous avons vu les raptors tels que vous les connaissez par « Jurassic Park », mais ce ne sont pas les vélociraptors…
Nous voici à notre cinquième jour d’aventure sur Isla Sorna, le premier parc à dinosaures de l’histoire. Les découvertes de ce jour étaient clairement au dessus de nos espérances, pour preuve : une rencontre avec les désormais mythiques raptors ! Ce matin, le groupe de journalistes et scientifiques dont nous faisons partie, embarque dans un des véhicules prévus pour emmener les visiteurs à la rencontre de ces animaux qui n’avaient pas foulé le sol terrestre depuis près de 65 millions d’années. Aujourd'hui, la première chose qui nous frappe est la beauté du lieu : le paysage est vallonné, et surtout très boisé. La forêt est formée essentiellement de la végétation reconstituée du jurassique : conifères et fougères y sont prédominants. Elle est luxuriante, omniprésente, mais espacée, laissant un chemin bien plus large qu’il ne le faut à notre véhicule, mais aussi aux gigantesques brachiosaures. Ceux-ci sont la première surprise de la journée, et produisent un immense effet dans le véhicule de visite : Ce sont les plus grands animaux que la terre ait connu! Les estimations des spécialistes à leur sujet concernant leur taille sont confirmées : ces monstres mesures plus de 25 mètres de haut, et atteignent sans peine les hautes branches des immenses conifères du jurassique, profitant ainsi des jeunes pousses tendres. Brachiosaurus semble plutôt pacifique au premier abord, il voyage en troupeaux, comme nous l’avaient laissé entendre les fossiles de plusieurs spécimens retrouvés au même

ces monstres mesures plus de 25 mètres de haut

endroit, et sont accompagnés par leur petits. Un de ceux-ci se régale de quelques basses pousses en marge du groupe, ce qui nous laisse l’audace de nous rapprocher du petit qui mesure déjà 7 à 8 mètres ! Le brachiosaure saisit les jeunes pousses au moyen de sa gueule, pousses qui s’apparentent plus à des branches à notre échelle humaine, mais qui lui permettront d’atteindre les cinquante tonnes qu’il pèsera adulte, si les dangers de ce nouveau monde le laissent sain et sauf. Et c’est justement un de ces « dangers » qui crée la deuxième surprise de la journée. Pour être plus précis, nous devrions dire les dangers. En effet, tout un groupe de dromaeosauridés (famille du velociraptor) s’est posté en observation tout autour du jeune brachiosaure, à son insu, à la notre, et à celle de ces confrères, trop éloignés. Nous nous trouvons en pleine scène de chasse des véritables raptors, les Deinonychus (« griffes terribles »). J’écris « véritable » car leurs caractéristiques « sociales » et physiques s’apparentent plus à la légende construite autour des raptors dans la fiction de Spielberg. En effet, par rapport aux vélociraptors que nous avons pu découvrir en vidéo avant notre arrivée sur l’île, Deinonychus semble un géant, dépassant ce dernier de plus d’un mètre. Au niveau

Par rapport à velociraptor, Deinonychus semble un géant

« social », Deinonychus chassent en plus grand nombre que Velociraptor, qui se résout à chasser à deux ou trois au maximum. La principale différence avec ce qui nous est donné à voir dans Jurassic Park, c’est que ces raptors portent des plumes, sur tout le corps, à l’exception de la tête et des extrémités des membres qui sont couverts d’écailles. Au niveau de la couleur, les chasseurs sont sobres. Ils sont rayés, et leur couleur s’apparente à celle d’un moineau. Du côté taille, c’est très proche de l’image de Jurassic Park, et la forme également, si ce n’est le crâne, un peu plus haut et un peu plus court que dans le film. Leurs griffes sont momentanément difficilement observables, ceux-ci se cachant dans les fourrés épais de cette forêt primitive. Cela fait vingt minutes que nous les observons. Le brachiosaure n’a toujours pas remarqué leur présence, et la principale question de mes voisins de siège est : comment de si petits dinosaures osent s’attaquer à si gros ? La réponse ne tarde pas à venir. Ces socio-prédateurs communiquent à l’aide de vives mimiques de la tête (les mêmes que les oiseaux) et décident de partir à l’assaut. Deux des raptors chargent frontalement le pauvre herbivore, pendant que les autres maintiennent leur position. Ils guident leurs rapides changements de direction à l’aide de leurs membres antérieurs ailés, et courrent tête baissée vers la proie. Ce qui m’étonne c’est leur vitesse. Ils courent à une vitesse estimée à 40 km/h, ce qui est rapide

Les Raptors courent trois fois moins vite que le guépard

pour une bête de deux mètres de haut, mais quand même lent en comparaison aux prédateurs africains actuels tels que les guépards, qui avoisinent les 110km/h ! Brachiosaurus s’aperçoit enfin qu’il est chassé. Il rebrousse chemin et se hâte en direction de ses confrères déjà passablement éloignés. Ce changement de direction était cependant prévu par ces chasseurs, aux capacités intellectuelles nettement supérieures à la moyenne de cette époque, qui se sont postés en embuscade sur le chemin de la proie paniquée. Les deux poursuiveurs ralentissent déjà l’allure, et la proie arrive au barrage, qu’elle n’a pas encore aperçu. Les raptors bondissent. Ils bondissent avec agilité, grâce à leur queue, qui en balancier leur confère l’équilibre nécessaire à un bond de cette envergure, et ils bondissent haut, près de 2 mètres, et atteignent les épaules et les flancs de Brachiosaurus. Nous apercevons pour la première fois leurs célèbres griffes en forme de faucilles. Lors du saut, les raptors progressent leurs quatre membres vers l’avant et, une fois la proie atteinte, plantent toutes leurs griffes dans celle-ci, particulièrement celle de leur premier doigt qui mesure prés de 20 cm de long, qu’ils enfoncent dans la chair du brachiosaure, et qui leur permettent de rester accrochés sur les flancs de la victime, et leur procurent une position stable pour lacérer la victime à l’aide de leurs petites dents, recourbées et acérées telles des lames de rasoir. Deux des tentatives des Deinonychus réussissent, et la troisième échoue, et le raptor retombe lourdement sur le sol.

Deux des tentatives des Deinonychus réussissent, et la troisième échoue, et le raptor retombe lourdement sur le sol.

Les deux autres demeurent accrochés sur la proie et lui infligent tour à tour des blessures de plus en plus graves, la ralentissant progressivement, jusqu’à l’immobiliser. Les retardataires rejoignent l’action et achèvent le brachiosaure en le touchant mortellement au cou. Les raptors débutent alors le repas, qui nous épate là encore par leur organisation sociale : une hiérarchie très claire établie au sein du groupe définit l’ordre des préséances. Ainsi les adultes dominants passent à table avant les jeunes, qui se contenteront des restes, plus que suffisants, vue la taille du butin.La troisième surprise de la journée fut le plus célèbre des dinosaures, Tyrannosaure. Au grand dam des raptors qui n’ont pas terminé leur repas, ce charognard attiré par l’odeur de la fraîche carcasse du brachiosaure a décidé de venir jouer les trouble-fêtes au festin des dromaeosaures. Cela nous laisse suggérer que l’hypothèse des spécialistes quand à la technique d’alimentation du tyrannosaure était bel et bien pertinente. En effet, depuis quelques années l’hypothèse courait, que le tyrannosaure était un gigantesque charognard, au sens olfactif surdéveloppé, qui dérobait les butins des bons chasseurs tels que les Deinonychus, ou alors se contentait d’animaux morts, victimes de la vieillesse, de la maladie, ou intoxiqués par la forte teneur en composés sulfureux de l’atmosphère à cette époque. Cette hypothèse semble aujourd’hui bien vérifiée. Tyrannosaurus n’est guère impressionné par les raptors, alors que ceux-ci, à son approche, abandonnent immédiatement la carcasse. Etonnant pour des chasseurs qui viennent de s’en prendre à un Brachiosaure ! Mais les raptors ne sont pas bêtes, et savent que leurs chances face au tyrannosaure sont nulles : T-Rex est un aussi prédateur, il est très haut sur pattes, à une mâchoire surpuissante, se déplace plutôt vite, et cette boule de muscles faite pour broyer des os et arracher la chaire, est 75 fois plus lourde qu’un Deinonychus. Cela équivaut à un lion, qui rafle la proie d’un chat ! Aucune chance pour nos astucieux chasseurs, qui restent sur leur faim, et s’en vont le ventre à moitié vide.

Tyrannosaure est proche de l’image de la fiction de Spielberg

Tyrannosaure débute son repas en arrachant d’immenses morceaux, à la proie, désormais sienne. Par bouchée, ce monstre avale près de 80 kilos de chair fraîche. Au niveau physique, Tyrannosaure est proche de l’image de la fiction de Spielberg: immense, haut sur pattes, comme déjà souligné, sa peau, contrairement à celle des dromaesauridés, est dépourvue de plumes, mais recouvertes d’épaisses écailles, ses bras atrophiés ne lui servent à rien, et il est surtout solitaire. Là où les différences apparaissent entre la fiction et la réalité, c’est au niveau des capacités sensorielles du T-Rex, et de ses qualités de chasseurs, amplement vantées dans le film : T-Rex n’a pas de vision basée sur le mouvement. Il n’a pas remarqué nos mouvements à l’intérieur du véhicule, aussi nombreux soient-ils. Par contre, son odorat est très développé : un relevé aérien le situait à plus de 15km de notre véhicule, au moment ou les Deinonychus achevaient leur proie. T-Rex a donc senti le cadavre, et s’est mis rapidement en route vers nous, à une vitesse d’environ 23km/h ! Ce qui n’a laissé aux raptors que 40 minutes pour apprécier leur festin ! Tyrannosaure n’est donc pas un chasseur. Comme nous pouvons en témoigner, il repère grâce à son formidable odorat, des carcasses d’animaux, ceci à des distances phénoménales, et profite de sa taille énorme pour dissuader d’éventuels trouble-faites à son programme. C’est probablement le plus grand charognard que la Terre ait connu !Enfin, après plus de quatre heures d’observation, nous nous résignons à retourner sur la côte, afin de rejoindre le bateau au large.

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